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Depuis la crise sanitaire de la Covid-19, l’impact de la qualité de l’air intérieur (QAI) sur la santé des occupants fait l’objet d’une attention accrue. A juste titre, puisque cet air est jusqu’à 10 fois plus pollué que celui de l’extérieur. Alors que la réduction de consommation énergétique s’impose dans les bâtiments comme un objectif prioritaire, GROUPE ATLANTIC, spécialiste français du confort thermique, considère qu’elle doit aller de pair avec un traitement de l’air performant. Rencontre avec trois experts de GROUPE ATLANTIC.

Julien Vandebeek,
directeur marketing du pôle Climatisation et Ventilation GROUPE ATLANTIC
Corinne Sannier,
chef de groupe Ventilation collective et tertiaire GROUPE ATLANTIC
Maud Jourdan,
ingénieur Innovation Qualité de l’air GROUPE ATLANTIC


De quelle manière la crise sanitaire a-t-elle permis d’avancer sur la problématique de la qualité de l’air intérieur ?

Julien Vandebeek : La pandémie de la Covid-19 a mis en relief la nécessité de bien ventiler nos locaux, aussi bien résidentiels que tertiaires, puisque la propagation du virus est étroitement liée à sa concentration dans les espaces clos. Toutes les activités relatives aux loisirs ont été particulièrement touchées par cette crise sanitaire, faute de solution technique adaptée. Après quelques semaines d’incertitude sur les mesures à mettre en place, de nouvelles manières de vivre ensemble ont vu le jour et des recommandations ont émané des différentes filières des professionnels du HVAC (Heating, Ventilation, Air-Conditioning). Le REHVA (Fédération européenne du chauffage, de la ventilation et de la climatisation), l'AICVF (Association des ingénieurs et techniciens en climatisation, ventilation & froid) et Uniclima (l'association française des fabricants) ont convergé vers les préconisations suivantes : 
-    augmenter les débits de ventilation pour mieux renouveler l’air ;
-    bien aérer et le plus souvent possible ; 
-    limiter les recirculations d'air (les brassages). 
Par ailleurs, le taux de CO2 est l’indicateur de renouvellement de l’air qui a été retenu par la profession dans le contexte du coronavirus. En augmentant de 20 % les débits de ventilation, il est possible de réduire la concentration de CO2 de 10 %.
Cela soulève cependant des questions. Est-ce suffisant ? Quel coût énergétique cela implique-t-il et quels sont les impacts sur les installations existantes ? En outre, quelles solutions instaurer pour lutter contre les autres polluants de l’air, particules fines, polluants chimiques, bactéries et virus ? 

Le problème de fond est-il alors d’assurer la qualité de l’air intérieur efficacement, sans alourdir le bilan énergétique des bâtiments ? 


Julien Vandebeek : Absolument. La crise sanitaire a mis en lumière l’importance de la QAI en tant que problème de santé publique, ce qui est bénéfique en termes de prise de conscience de chacun. Dans le même temps, elle a soulevé la question cruciale sur laquelle nous travaillons depuis plusieurs années dans GROUPE ATLANTIC et qui se fonde sur deux problématiques a priori antinomiques : la nécessité d’équiper les locaux avec des solutions permettant d’améliorer la QAI – et qui consomment de l’énergie – et celle de réduire la consommation énergétique des bâtiments. Nous pensons que l’équilibre est possible en s’équipant d’une ventilation performante et correctement dimensionnée, associée à des solutions locales de purification de l’air, dans les espaces les plus fréquentés.

La réglementation ne tient-elle pas compte de ce besoin de traitement de l’air ?


Corinne Sannier : Le contexte réglementaire français est depuis plusieurs années fortement axé sur les optimisations énergétiques. La RT2012 avait défini un niveau d’exigences correspondant aux normes du Bâtiment Basse Consommation (BBC). La RE2020, qui s’appliquera dès le 1er janvier 2022 en résidentiel et au 1er juillet 2022 dans le tertiaire, va encore plus loin mais s’intéresse assez peu à la question de la QAI. Quant au décret tertiaire, publié en juillet 2019, il impose, pour les années à venir, des réductions strictes de la consommation d’énergie finale dans les bâtiments à usage tertiaire (-50 % en 2050 par rapport à 2010). 
A l’inverse, la surveillance de la qualité de l’air intérieur est devenue obligatoire à compter seulement du 1er janvier 2018 dans les crèches et écoles maternelles, puis en 2020 dans les collèges, lycées et centres de loisirs. Cet enjeu de santé publique a été longtemps mis de côté. Or, un bon renouvellement de l’air est indispensable à une bonne QAI. Et extraire l’air vicié nécessite une dépense d’énergie. Il est illusoire de compter uniquement sur l’aération manuelle, en ouvrant les fenêtres. Pour les occupants, cela nécessite d’y penser très régulièrement, sans oubli, ce qui n’est pas tenable au quotidien. Cela s’avère en outre peu économe en énergie puisque l’on perd de la chaleur en hiver. 

Vous avez étudié la qualité de l’air dans les établissements scolaires, quel est votre constat ?


Corinne Sannier : Nous passons 80 % de notre temps dans des lieux clos et cela atteint 90 % pour les enfants. Selon l’Observatoire de la qualité de l’air (OQAI), 75 % des écoles n’ont aucune ventilation (ventilation mécanique contrôlée ou grilles d’aération) . Nous avons réalisé des expérimentations dans notre centre d’essais et de recherche thermique, près d’Orléans, pour vérifier l’efficacité de l’ouverture des fenêtres dans une salle de classe non ventilée mécaniquement. Après deux heures de cours, l’ouverture des fenêtres permet de réduire sensiblement le taux de CO2. En revanche, en deux heures, le taux grimpe jusqu’à atteindre 3 000 ppm, ce qui dépasse largement le seuil de 800 ppm préconisé par le Haut conseil de la santé publique (HCSP), cette valeur étant prévue pour une situation où les personnes portent un masque. Pendant ces deux heures, la présence trop élevée de CO2 peut engendrer de réels problèmes de concentration, de fatigue, de maux de tête… Sans compter les autres polluants intérieurs (composés organiques volatils (COV), virus…) qui ne peuvent être extraits par une simple ouverture de fenêtre. 

 

 

Quelles solutions techniques préconisez-vous pour améliorer la qualité de l’air intérieur, dans ce cas ?


Corinne Sannier : Un système de ventilation mécanique contrôlée (VMC) s’impose, a minima. La VMC double flux est une technologie qui assure un renouvellement efficace de l’air et permet de récupérer 80 % de la chaleur présente dans l’air vicié extrait, ce qui est essentiel pour l’optimisation énergétique de l’installation. Les VMC double flux que nous proposons sont équipées de filtres fins (F7 ou F9 en option) permettant de traiter l’air entrant à plus de 80 % et ainsi éviter l’arrivée de particules fines dans le bâtiment. Grâce à une technologie d’intelligence embarquée et aux capteurs de CO2, la centrale adapte son débit en fonction du taux détecté dans la pièce. Pour améliorer la qualité de l’air dans les locaux déjà équipés d’une ventilation mécanique, il est compliqué d’augmenter le débit d’air sans modifier l’installation dans son ensemble car on perd en performance énergétique mais également en confort acoustique, un point clé du bien-être des occupants. De plus, dans les bâtiments, on rencontre des besoins différents selon les espaces : la nécessité de traitement de l’air n’est pas la même dans une classe, la cuisine d’un restaurant ou l’entrée d’un immeuble de bureaux. 

Maud Jourdan : le GROUPE ATLANTIC réfléchit depuis des années à la problématique de la qualité de l’air intérieur. Nous sommes arrivés à la conclusion que trois actions doivent être menées en parallèle : 
-    limiter les sources d’émissions de polluants (sélection des détergents, des matériaux de construction, etc.) ;
-    assurer le renouvellement de l’air avec une VMC ;
-    l’épurer pour agir efficacement sur les particules fines, les COV mais aussi les virus. 
Pour traiter les polluants intérieurs et nettoyer l’air, il existe deux grands types de solutions : la destruction et le piégeage. La photocatalyse, qui consiste à décomposer les polluants afin de les rendre inoffensifs, est une technologie de destruction sur laquelle nous avons beaucoup travaillé, en collaboration avec des experts. La lampe UV permet elle aussi de détruire les bactéries et virus. On peut également citer les technologies du plasma et de l’ozonation. Quant au piégeage, il peut s’effectuer de manière mécanique avec un filtre, mais aussi avec la technologie de la précipitation électrostatique (élimination des particules fines grâce à une charge électrostatique) ou encore l’ionisation (neutralisation des polluants grâce à la production d’ions négatifs). Toutes ces options présentent leurs avantages et inconvénients mais nos recherches nous ont amenés à ce constat : la complémentarité d’une installation de VMC double flux et d’épurateurs est la solution la plus efficace pour améliorer la QAI, la santé et le confort des occupants. 

 

 

Quelles sont les avancées, en France et à l’étranger, sur les technologies d’épuration ?


Julien Vandebeek : A date, l’administration française n’a retenu que les systèmes de filtration mécanique qui sont certes performants mais imposent une maintenance stricte. Un parti pris délicat dans un contexte de pandémie puisque le filtre capte le virus mais ne le détruit pas. Il existe donc un risque de contamination lors de l’intervention. C’est pourquoi, après de nombreuses recherches, tests et concertations avec des experts, nous considérons que les solutions de destruction doivent être promues.

L’administration émet des réserves sur le procédé de photocatalyse en se fondant sur le rapport « Identification et analyse des différentes techniques d’épuration d’air intérieur émergentes » de l’ANSES, publié en 2017. Ce rapport s’appuie sur des études réalisées entre octobre 2012 et décembre 2016. Depuis, des avancées ont eu lieu. Sur d’autres marchés comme la Belgique, l’Allemagne ou encore la Corée du Sud, nous observons l’autorisation de tous les types de technologies et notamment celles de la lampe UV ou de la photocatalyse. Ces pays creusent de nouvelles pistes en termes de développement de solutions et sont aussi en avance sur la France par rapport à la sensibilisation des publics. Nous nous interrogeons donc sur les freins qui pèsent sur de nouvelles technologies qui démontrent, comme nous l’avons constaté nous-mêmes, de bons résultats sous contrôle de laboratoires indépendants. Dès octobre 2020, la région Auvergne-Rhône-Alpes a souhaité équiper des lycées et écoles avec des purificateurs d’air . L’objectif de cette initiative était d’étudier les technologies de destruction des polluants intérieurs. Aux côtés d’autres industriels, Atlantic a participé à ce test. Cette démarche régionale, très positive dans ses enseignements , souligne la nécessité d’avancer sur les technologies de demain afin de préserver la santé de nos concitoyens et fournir des solutions concrètes aux secteurs d’activité qui ont été durement touchés en 2020/2021. Le contexte sanitaire très particulier de la Covid-19 l’a montré, la QAI n’est plus une option. 

 

Des solutions pour purifier l’air
GROUPE ATLANTIC a développé un épurateur d’air décliné en deux versions commercialisées par la marque Atlantic (Novengo et Novabso), embarquant chacune une technologie différente. « Nos solutions ont fait l’objet de plusieurs tests selon la norme NF EN 16846-1, réalisés par le laboratoire accrédité Tera Environnement », précise Maud Jourdan. Tous deux sont ultra-compacts et silencieux, avec un niveau acoustique de NR 35 dB(A). Ils permettent une installation invisible sous une dalle de faux-plafond de 600x600 mm. « Une position qui garantit une diffusion optimale et un bon brassage d’air, sans zone morte. Puisque les besoins diffèrent selon les espaces, nous avons pris le parti de développer des solutions d’épurateurs afin d’agir localement, efficacement. Le programmateur et l’interrupteur permettent l’optimisation de la consommation énergétique en ciblant le fonctionnement sur les périodes réelles d’occupation ».
Novabso intègre un filtre HEPA (High-Efficiency Particulate Air) aussi appelé filtre absolu, classe 13, dont l’efficacité est de 99,95 %. L’épurateur assure une filtration des polluants atmosphériques, avec une action particulière sur les polluants biologiques (virus, bactéries, moisissures). Il est disponible depuis septembre 2021.
Novengo exploite la technologie de la lampe UV. La réduction de la concentration de particules dans l’air est assurée par un premier filtre d’efficacité 55 % ePM1. Les COV, Les virus, bactéries et microbes sont traités efficacement par un système combinant la photocatalyse et le rayonnement UV. L’épurateur sera disponible au premier trimestre 2022. Ces deux technologies complémentaires ont l’avantage d’agir sur les trois grands types de polluants intérieurs et sur le confort olfactif. « L’ANSES met un point de vigilance sur la possibilité de générer des sous-produits de dégradation avec la photocatalyse, c’est-à-dire de créer des composés organiques toxiques. Nous y avons été très attentifs et les tests en laboratoire et in situ l’ont montré : dans le cadre d’une installation bien dimensionnée, aucun sous-produit de dégradation n’est observé », explique Maud Jourdan.